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Gestion urbaine des eaux pluviales > Valorisation en tant que ressource > Autres possibilités d'utilisation


Jardins d'eau


Si la récupération dans une marre utilisée aussi bien pour les canards que pour l'élevage des poissons a constitué une réalité dans la plupart des fermes d'Europe jusqu'il y a une cinquantaine d'années, cette pratique était petit à petit tombée en désuétude. Elle est en train de redevenir très à la mode en Amérique du Nord où elle est considérée à la fois comme une technique efficace de réduction des flux d'eau et de polluants par temps de pluie et comme un moyen de sensibiliser le public aux problématiques de gestion durable de l'eau. L'opération "10 000 jardins d'eau" présentée ci-dessous est à cet égard très significative.



Pour en savoir plus voir le site http://www.rainkc.com


L’état du Missouri a lancé une vaste opération de promotion des jardins d’eau intitulée "10 000 jardins d’eau (10,000 Rain Gardens)". L’objectif principal est d’éduquer les citoyens au fait que la protection des milieux aquatiques commence par une gestion intelligente des eaux pluviales au niveau de sa propre habitation et de les inciter à déconnecter leurs eaux pluviales du réseau d’assainissement. Les arguments avancés pour promouvoir la gestion locale des eaux de pluie sont très variés :
  • Réduire les volumes apportés aux stations d’épuration par temps de pluie,
  • Diminuer le pourcentage d’eau de ruissellement provenant des toitures,
  • Récupérer les eaux de pluie pour les utiliser comme une ressource pendant les périodes sèches,
  • Aider à conserver les ruisseaux et les plages propres,
  • Récupérer une eau naturellement très douce pour les plantes délicates, le lavage des voitures et des vitres,
  • Faire des économies sur la facture d’eau,
  • Réduire les impôts en diminuant les dépenses publiques nécessaires au renforcement des réseaux d’assainissement,
  • Maintenir la santé des sols en arrosant avec une eau sans chlore,
  • Disposer d’un outil éducatif sur la conservation de la ressource en eau.
Les outils utilisés sont extrêmement variés : aides financières, concours du plus beau jardin, conseils techniques, liste de vendeurs de matériels ou produits adaptés, journées de formation pour les professionnels, journées d’information et de promotion pour le grand public, etc..
En France la traduction récente de l'ouvrage de Dunnett Nigel and Clayden Andy (Nigel & Andy, 2007) montre l'intérêt croissant pour cette technique, même si pour l'instant elle paraît plus portée par les paysagistes que par les techniciens de l'assainissement.

Cette technique est bien évidemment mieux appropriée pour les zones d'habitat pavillonnaire que pour les quartiers denses. Elle présente la particularité (est-ce un intérêt ou un inconvénient ?), au moins aux Etats-Unis, d'être plus argumentée sur l'intérêt général (limiter les rejets polluants et les risques d'inondation à l'aval) que sur l'intérêt particulier (faire des économies d'eau).

Stockage et réutilisation à l’échelle d’une rue ou d’un quartier


La récupération et le stockage des eaux pluviales urbaines dans les couches superficielles du sol ou dans des réservoirs souterrains immédiatement situés sous, ou à proximité des voiries constituent une solution intéressante pour l'alimentation en eau de la végétation urbaine. Les techniques utilisables sont assez simples et consistent à alimenter les réserves ainsi constituées en permettant à l'eau de s'infiltrer. Le maintien de la capacité d'infiltration des sols se fait de façon classique en conservant une partie du sol non revêtue autour de la végétation (généralement protégée par une grille). Il est également possible d’utiliser des revêtements poreux (pavés par exemple) ou d’injecter l’eau par des drains. Dans les pays tempérés, cette solution est freinée par les risques de pollution par les sels de déneigement auxquels la végétation est très sensible.

L’un des avantages principaux est de permettre à la végétation de disposer d’une quantité d’eau beaucoup plus importante pendant les périodes chaudes, et, par voie de conséquence, d’augmenter l’évapotranspiration.

Ré-infiltration dans la nappe


La ré-infiltration des eaux de pluie dans le sol pour alimenter des nappes phréatiques, qu'elles soient naturelles ou artificielles est également une pratique en plein développement.

Ce type de méthode présente de très nombreux avantages :
  • Augmenter la ressource disponible par pompage et améliorer sa qualité en la diluant. Cet aspect est particulièrement mis en avant dans les grands deltas des fleuves tropicaux (Inde, Pakistan, etc.) où les nappes sont fortement polluées, en particulier par de l'arsenic, du fait de phénomènes géochimiques naturels (voir par exemple Bharat et al. dans Brelot et al, 2007). Le stockage souterrain présente en outre l'intérêt de mieux préserver la ressource vis-à-vis des contaminations ou des développements bactériens que le stockage dans des cuves. De plus, le coût d'investissement est moindre et le volume disponible généralement important. En revanche, mais ceci peut aussi être vu comme un avantage, la ressource souterraine est également mobilisable pour des usages non directement anthropiques (alimentation de la végétation, alimentation des sources et des rivières).
  • Limiter l'assèchement des sols urbains. L'imperméabilisation des surfaces a bien évidemment pour conséquence directe de limiter la quantité d'eau qui pénètre dans le sous-sol urbain. Cet aspect était relativement compensé dans les villes européennes, jusqu'à une époque récente, par les fuites de réseaux de distribution d'eau. La volonté généralisée, et bien évidemment tout à fait justifiée par des considérations économiques, d'améliorer le rendement des réseaux d'eau et donc de diminuer les fuites réduit cette source de réhumidification. Le résultat est un assèchement du sol des villes, qui, lorsque le sol contient de l'argile se traduit par des tassements différentiels induisant une déstabilisation des structures et l'apparition de fissures, voire de désordres plus graves dans les constructions. En France, les phénomènes de ce type sont en train de devenir la première cause de déclarations de catastrophes naturelles.
  • Permettre une gestion durable et collective de la ressource en eau. Il s'agit sans doute de l'avantage principal, la réalimentation contrôlée des nappes constituant l'une des armes les plus efficaces pour lutter contre les risques de manque d'eau. Une réalimentation contrôlée est également un moyen de lutter contre les risques de pollution de la ressource.
L’exemple ci-dessous illustre la récupération et la réutilisation des eaux pluviales de toitures dans le cas de New Delhi en Inde (Sharma, in Brelot et al, 2007).
Les ressources en eau potable de New Delhi sont soumises à une pression considérable. L'exploitation des nappes phréatiques excède leurs capacités de renouvellement et de ce fait leur niveau baisse à un rythme alarmant. La nappe est profonde de 50 à 70 mètres est séparée du sol par une couche de terrain très peu perméable. Du fait de l'abondance des précipitations (environ 1 mètre par an), il est envisagé de réinfiltrer les eaux de toitures pour recharger les nappes.

Un test a été effectué en 2001 dans le quartier de Kishangarth situé à l'est de la ville. Les eaux d'une toiture de 150 m² sont récupérées dans une première tranchée dont le but est de filtrer les eaux de toitures puis s'écoulent dans une seconde tranchée qui sert de système de stockage. Les dimensions de ces deux tranchées sont identiques (3m × 3m × 4m). La tranchée de stockage peut contenir 90 m3, soit une quantité suffisante pour alimenter 6 personnes pendant 150 jours (100 litres par jour).

L'eau est ensuite injectée dans la nappe, profonde ici de 55 mètres, par un puits équipé d'un tuyau de 10 cm de diamètre. Ce puits est équipé d'une pompe à main et servait auparavant à pomper l'eau de la nappe. Il était devenu inutilisable du fait de la baisse du niveau de la nappe.

L'expérience a été totalement concluante malgré son caractère très local. La tranchée de stockage a permis de fournir environ 28 % des besoins de la famille et le puits a recommencé à être actif dès le mois de septembre à la fin de la mousson.