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Le traitement pratique des infiltrations d’air dans les bâtiments


Il existe aujourd’hui de nombreux documents décrivant le traitement pratique des infiltrations d’air. Ce qui suit a donc plus vocation à faire un inventaire des principaux points de vigilance qu’à apporter une réponse technique exhaustive.



Le traitement des infiltrations d’air ne s’appuie pas, comme on pourrait le croire, sur l’usage massif du « joint au pistolet » ou des mousses expansées. Au contraire, il vaut mieux chercher à s’en passer. Il existe désormais de nombreux composants qui permettent de traiter efficacement et de manière durable l’étanchéité à l’air : membrane (ayant d’ailleurs aussi souvent la fonction de freine vapeur), bande adhésive simple ou double face, joints spéciaux, pièces adhésives au diamètre des conduits ou des fourreaux (passe câble, etc), boîtes de jonction étanches, mastics pour coller des films sur toute sorte de supports, etc.

Jonction panne-membrane Bande adhésive Joint trois usages 
Membrane étanchéité Passe câble
Fig. 5 : Produits de traitement des infiltrations d’air


Les principaux points faibles à traiter dans un bâtiment sont :
  • Les parois elles-mêmes
    Si un mur en béton banché ne présente aucun risque de perméabilité à l’air, il n’en est pas de même pour les éléments maçonnés classiques qui fuient aussi bien en partie courante qu’aux jonctions entre les éléments eux-mêmes. Il faut donc doubler ces parois d’enduits, de plaques de plâtre (à condition d’étancher proprement les jonctions), voire de membranes (qui assurent aussi la fonction freine vapeur).

    Concernant les parois à ossature bois, elles constituent un élément très fragile du point de vue de l’étanchéité à l’air. Elles doivent être doublées d’une membrane (qui est aussi freine vapeur) ou de panneaux de contreventement placés côté intérieur (type OSB), dont les jonctions seront recouvertes de bandes adhésives très soigneusement appliquées (marouflage). Ces membranes doivent aussi être raccordées sur les éléments de maçonnerie adjacents (dalles, refends). Il faut alors souvent utiliser un primaire d’accrochage sur le béton avant de mettre en oeuvre la bande adhésive elle-même.

    La pose de ces membranes et des adhésifs de jointoiement doit être faite en évitant de créer des plis qui constituent autant de petits « tunnels » par lesquels l’air pourra passer. Les surfaces doivent donc être les plus planes possible. Les bandes adhésives standards sont larges de 60 mm et doivent être posées sur des supports secs (attention à la condensation en hiver), non gras et non poussiéreux.
  • La jonction menuiseries extérieures/murs
    Ce type de jonction peut être la cause d'infiltrations d'air de plusieurs manières. D'abord, bien sûr, entre ouvrants, ou entre ouvrants et dormants. Il est vivement recommandé d’utiliser systématiquement des fenêtres bénéficiant du classement A4 de la certification AEV (Air/Eau/Vent).

    À ce titre, il faut se méfier des fenêtres coulissantes qui sont généralement moins étanches.

    Il est aussi nécessaire de s’assurer que le menuisier a traité l’étanchéité à l’air des parcloses (en général au moyen d’un petit adhésif placé dans la feuillure, avant la pose de la parclose elle-même). La liaison menuiserie/mur est traitée par l’utilisation de bandes adhésives simples (raccordement sur membrane d’étanchéité) ou butyl (cas des jonctions sur du béton), voire d’un mastic plasto-élastique (raccordement avec un enduit).
  • La jonction porte extérieure/sol
    L’utilisation d’un seuil avec joint d’étanchéité de grande qualité est impératif. Les seuils de porte constituent un point très fragile qu’il faut traiter avec soin. Ils sont souvent totalement oubliés :
    Étanchéité à l’air des portes extérieures Étanchéité à l’air des portes extérieures
    Fig. 6 : Étanchéité à l’air des portes extérieures


  • La jonction mur/toiture
    En fonction de la nature de la toiture, l’étanchéité de cette jonction peut s’avérer très délicate à réaliser. Si la toiture est de type de liaisonner soit avec un mur maçonné (voir la procédure décrite pour la liaison menuiserie extérieure/mur), soit avec une membrane doublant le mur. Ce sont des opérations qui ne présentent pas de difficulté particulière, mais qui demandent du soin.

    En revanche, la présence de bacs acier rend l’opération d’étanchéité très problématique. Il faut d’abord disposer d’un closoir parfaitement adapté, puis assurer l’étanchéité du closoir avec le mur, puis celle du closoir avec le bac acier. Il s’agit d’opérations longues, laborieuses et délicates ne garantissant nullement un bon résultat.

    Les toitures-terrasses en béton ne présentent aucun problème dans leur jonction avec des murs en béton banché.
  • Les joints de dilatation
    Dans les bâtiments qui en possèdent, les joints de dilatation ont un effet très pervers dans la mesure où ils permettent à l’air d’être distribué dans l’ensemble du bâtiment. Ils sont pourtant souvent oubliés dans le traitement de l’étanchéité à l’air.
    Joint de dilatation
    Fig. 7 : Joint de dilatation


    Le traitement des joints de dilatation peut se faire au moyen d’une membrane EPDM placée en périphérie du bâtiment sur toute la longueur du joint de dilatation.

    Deux conseils : se méfier des cheminements parfois très complexes des joints de dilatation dans les sous-sols et se souvenir qu’il vaut toujours mieux piéger l’air infiltré à la source.
  • Les lanterneaux
    Les lanterneaux ont souvent une fonction de désenfumage, mais quelle que soit leur finalité, ils se caractérisent par une très grande perméabilité à l’air entre la costière et la partie mobile vitrée. Les joints présents, lorsqu’ils existent, sont tout à fait insuffisants et les fuites d’air sont considérables.

    Il ne semble pas exister, à ce jour, de modèle étanche à l’air, et dans l’état actuel du marché, il est préférable de minimiser le nombre de lanterneaux dans les projets, voire de s’en passer lorsque c’est possible.
  • Traversée de la barrière étanche par les réseaux fluides
    Un bâtiment est relié à l’extérieur de mille et une façons : l’arrivée de l’électricité, de l’eau chaude et froide, du chauffage, la prise et l’évacuation d’air, l’évacuation des fumées constituent autant de raisons de traverser la barrière d’étanchéité à l’air de l’enveloppe. Or chacune de ces traversées pose un problème auquel il faut apporter une solution. L’oublier peut conduire à des valeurs de n50 pouvant atteindre 5 ou 6 vol/h.

    Lorsqu’un conduit d’air, de fumée, ou tout autre conduit, traverse une membrane, il est nécessaire d’utiliser des pièces de jonction rapportées munies d’un adhésif adapté à chaque type de support.

    L’espace doit être colmaté entre tout fourreau et les câbles ou les conduits qu’il contient, et notamment lorsqu’il s’agit des fourreaux électriques ou de ceux dédiés au chauffage et à l’eau chaude sanitaire.
    Pièce d’étanchéité autour d’un conduit Passe câble Colmatage tube/ fourreau parjoint silicone
    Fig. 8 : Dispositions pour étancher les passages de conduits au travers de l’enveloppe étanche


    Mais il faut aussi colmater l’espace entre le fourreau et la réservation dans la paroi traversée lorsqu’elle existe :
    Fourreaux et réservation non traités entre rez-de-chaussée et sous-sol
    Fig. 9 : Fourreaux et réservation non traités entre rez-de-chaussée et sous-sol


  • Les trappes
    Qu’il s’agisse de trappes d’accès aux combles ou à des gaines techniques, la question est toujours la même : si la trappe est la frontière du volume étanche à l’air, alors elle doit assurer la continuité de cette barrière d’étanchéité à l’air.

    C’est généralement chose faite avec des joints périphériques comprimés.
  • Les coffres de volets roulants
    Ils constituent une faiblesse de la barrière d'étanchéité à l'air. Le coffre lui-même comprend une trappe d'accès pour la maintenance depuis l'intérieur, à quoi s’ajoute la rotule de la tringlerie ou l’orifice de passage de la courroie de manipulation du volet. La solution la plus efficace est de placer le coffre de volet roulant à l'extérieur du logement, en l'intégrant dans l'épaisseur d'isolant. La commande du volet est alors électrique, ce qui semble une garantie de longévité au dire des maîtres d'ouvrage.

    Il existe même, désormais, des volets roulants intégrés dans un demi-linteau, ce qui facilite encore leur intégration par l'extérieur.
  • Les gaines d’ascenseur
    Les gaines d’ascenseur posent un problème très difficile à résoudre. Elles prennent généralement naissance dans les sous-sols, là où se trouvent les parkings, donc dans une zone non étanche à l'air. L'étanchéité à l'air des portes coulissantes sur chaque palier étant à peu près nulle, la gaine d'ascenseur apparaît comme un grand distributeur d'air infiltré à tous les étages d'un bâtiment. Il est vrai que si les façades sont très étanches à l'air, cette alimentation en air infiltré ne pourra pas traverser les logements puisqu'il ne pourra pas être exfiltré par la façade. Ce n'est malheureusement jamais le cas et les gaines d'ascenseur constituent l'un des points les plus faibles des bâtiments.

    Il existe seulement deux solutions.

    La première consiste à construire l’ascenseur à l’extérieur du bâtiment et à raccorder celui-ci à chaque niveau par des passerelles. La seconde, place, à chaque niveau, l’accès à l’ascenseur à l’intérieur d’un sas étanche à l’air.

    Dans certaines configurations architecturales, cette disposition peut s’intégrer élégamment sans difficulté. En revanche, dans certains cas, cette intégration s’avère vraiment problématique et nécessite alors de rendre le plus étanches possible les sas d’accès depuis les parkings.