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Méthodologie de traitement des infiltrations d’air dans un projet


Le traitement des infiltrations d’air est avant tout une question concernant la maîtrise d’oeuvre, principalement l’architecte puisqu’il s’agit de l’enveloppe. Réussir à faire un bâtiment étanche à l’air ne s’improvise pas sur le chantier. Tout doit avoir été pensé et traité en phase conception. Lorsque le chantier débute, chacun sait en principe exactement ce qu’il doit faire. Car réussir l’étanchéité à l’air tient d’abord « dans un bon dessin ».



La première étape du projet consiste à localiser les défauts d’étanchéité à l’air au moyen de coupes multiples, tant longitudinales que transversales. La méthode infaillible de vérification consiste à pouvoir faire le tour de n’importe quelle coupe avec la mine d’un crayon sans jamais avoir à le relever du fait d'un défaut d'étanchéité à l'air. Cette méthode permet de se poser toutes les bonnes questions pour chaque problème ainsi mis en évidence. La solution passe d’abord par des assemblages adaptés, comportant éventuellement des chambres de décompression, des joints, des membranes ou des bandes adhésives permettant de s'opposer au passage de l'air. Dans cette stratégie, il faut éviter à tout prix l'utilisation de joints silicone peu adaptés aux variations dimensionnelles des matériaux et très dégradés par les rayons ultraviolets, donc assez inefficaces et d’une durée de vie assez courte.

Ensuite, il convient de réaliser des carnets de détails dans lesquels sont consignées les principales coupes, en faisant apparaître les joints, les membranes, les bandes adhésives simple ou double face, les principaux éléments à mettre en oeuvre. En pratique, 5 ou 10 coupes maximum sont suffisantes pour décrire correctement un projet. Ces carnets sont extrêmement importants car ils permettent de définir avec une grande précision ce qui est attendu de l'entreprise. Si celle-ci sait exactement ce qu'elle doit faire, le chantier ne sera pas un lieu d'improvisation. La réalisation de ces carnets de détails nécessite une petite mission d'exécution qu'il convient de négocier avec le maître d'ouvrage.

Le dossier de consultation (CCTP et descriptifs) doit préciser que les entreprises doivent prendre en compte, quelle que soit leur spécialité, les contraintes relatives au seuil d’étanchéité imposé par l’étude thermique (type de matériaux à mettre en oeuvre, etc) et le taux d’étanchéité à l’air du bâtiment à atteindre, dans le respect minimum de la RT (et davantage, si le projet l’exige).
Les CCTP doivent décrire, toujours avec beaucoup de précision, chacune des opérations à mettre en oeuvre. Ceci nécessite de déterminer à quel lot on attribue quelle tâche. Cet aspect de la mission est très important car, à défaut, la plus grande confusion risque de régner sur le chantier entre les corps de métier. Pour éviter des conflits sans solution, il est donc important que chacun sache quels corps d’état sont concernés, dans quel ordre travailler, à quel moment intervenir. L’architecte qui s’efforce de faire ce travail rigoureusement réalise un bon investissement en favorisant le bon déroulement du chantier, sans heurts et de manière plus efficace.

Par ailleurs, le poste « étanchéité à l’air » doit figurer dans la Décomposition du Prix Global et Forfaitaire (DPGF). Certes, l'étanchéité à l'air n'est pas très coûteuse, mais son prix n'est pas non plus nul (5 à 15 € HT/m2). Il est donc essentiel de faire apparaître ce coût. Feindre de l'ignorer ou de le considérer comme tellement marginal qu'il n'a pas besoin d'apparaître peut brouiller le message auprès des entreprises.
La meilleure façon de présenter cette nouvelle tâche n’est probablement pas de la globaliser sur une seule ligne du DPGF, car elle risque alors d’être évaluée de manière très approximative et probablement surestimée. Il semble préférable de faire apparaître et d’associer chaque tâche élémentaire de l’étanchéité à l’air à l’élément d’architecture auquel il est rattaché, comme la fourniture et la pose d’une menuiserie extérieure, ou celle d’une trappe. Enfin, s’agissant d'une tâche très nouvelle pour les entreprises, la pédagogie est vivement recommandée. Ainsi faudra-t-il leur expliquer, au début du chantier, en quoi cette opération est différente de toutes celles qu’elles ont réalisées précédemment, puis, au fur et à mesure de l’avancement du chantier, apporter des explications complémentaires sur la mise en oeuvre particulière de l’étanchéité à l’air du bâtiment afin de rappeler la nature des opérations d'étanchéité à l'air, la manière de les réaliser de façon satisfaisante et les enjeux d’une mise en oeuvre réussie.
L'architecte peut éventuellement se faire aider par son bureau d'études dans cette démarche pédagogique tout à fait nécessaire pour ne pas dérouter ni rebuter les entreprises.

Un test de mesure de l’étanchéité à la porte soufflante (appelé aussi Blower Door) est conseillé. Il s’effectue lorsque le clos et le couvert sont achevés. À ce stade, toute intervention corrective est encore facile. Ce test, qui n’a rien de réglementaire ni d’obligatoire, peut être fait par n’importe qui (architecte, BET, entreprise) sans même avoir recours à une mesure des débits d’infiltration puisque le seul objectif est simplement de visualiser les fuites afin d’y remédier aisément. Toutes les entreprises doivent être conviées à ce test.
Il faut enfin veiller à ce qu’en fin de chantier, les corps d’état secondaires (essentiellement chauffage et électricité) ne viennent pas percer les membranes d’étanchéité pour passer leurs réseaux. Il arrive parfois que le test d’étanchéité réalisé au moment de la réception soit moins bon que le test intermédiaire, ce qui atteste de ce risque de dégradation.
Le test intermédiaire est un test facultatif qui peut être répété à qu’il soit pratiqué en trois étapes : d’abord à la fin du hors d’air pour valider l’étanchéité des enveloppes, puis après calfeutrement des colonnes techniques, et enfin pour valider les phases 2 des lots techniques (CVC+CFA/CFO) juste avant la mise en peinture et la réalisation des sols.